dimanche 15 mai 2011

XAVIER COTTON (FULMEN COTTON)

FULMEN COTTON
D’un cas d’école à l’archéologie du sinthome par Fabienne Hulak
Fulmen Cotton fou historique
Plus connu dans la littérature psychiatrique sous le nom de Fulmen Cotton, ou encore de « peintre adamique », il est à l’heure actuelle classé dans la catégorie de ce qu’il est convenu d’appeler les fous littéraires mais il l’est aussi dans celle des auteurs d’Art Brut.
Il présente l’intéressante particularité, en dehors de sa très abondante production, d’avoir été examiné par les aliénistes les plus renommés de l’époque : Campagne, Lasègue, Legrand du Saulle, Magnan, Ball, Marie, et mentionné à titre de « cas clinique » dans les travaux de Régnard, Lombroso, Séglas, Laurent, Rogues de Fursac, Réjà, Vinchon etc…
Cotton de son vivant n’a pas été reconnu, ainsi qu’il l’avait souhaité comme un écrivain fameux, un artiste génial ou un homme politique de grande stature. Il est par contre, devenu un fou célèbre et du fait des « vives polémiques » qu’il a suscitées dans les cercles de la psychiatrie, il est même en quelque sorte devenu, comme le souligne le Docteur Magnan, un fou historique.
La biographie de Cotton nous est superficiellement connue  grâce aux Docteurs Campagne, Marie, Ball et à l’histoire de Bicêtre écrite par Bru qui, en ce qui concerne Cotton, s’appuie sur le rapport médical fait en 1866 par le docteur Lasègue.


Cotton est né en 1826 dans une famille d’artisans du Vaucluse que le docteur Marie traite, sans doute avec une certaine exagération, de famille d’aliénés. Grâce au curé du village, il est doté d’une instruction qui l’amènera au séminaire et à la prêtrise. D’après le Docteur Ball, il aurait eu depuis l’âge de huit ans (sa communion) « une idée fixe », celle de devenir pape : mais c’est aux environs de trente-trois ans que les premiers signes de la maladie se seraient manifestés. Du fait de son intolérance, de son impatience, de sa causticité, il est expédié par la hiérarchie catholique dans une paroisse déshéritée. Vivant pauvrement, travaillant beaucoup, se jugeant alors particulièrement brimé, gravement frustré dans son orgueil, il est alors amené à se conduire pour le moins « bizarrement ».


En 1860, après divers incidents dont certains ne nous sont pas connus, Cotton est suspendu de ses fonctions et interné. Revêtu de ses habits sacerdotaux, il avait en effet, en dernier lieu, provoqué un esclandre en voulant, disait-il, rendre un culte public à son père, il avait dansé, hurlé, et s’était couché sur la tombe pour honorer les restes qu’elle renfermait.




L’internement provoque la première rencontre de Xavier Cotton et du docteur Campagne à l’asile de Montdevergues, près d’Avignon. C’est là que comme le dit Cotton lui-même, il obtient son « brevet de folie ». Campagne parle de Cotton à l’asile comme d’un fauteur de troubles. La relation ne semble pas bonne entre les deux hommes. En effet, pendant les quelques quarante années qui suivront, les autres médecins en parleront comme d’un malade plutôt calme et lucide, ses idées fixes et délirantes mises à part ; d’ailleurs les périodes d’internement alternent avec de longues périodes de liberté.



Cotton aura des préoccupations politiques et une constante volonté à se faire élire député. Il aura également l’objectif d’être pape.
Très actif, Cotton est aussi un auteur fécond. Il écrit donc beaucoup mais il dessine également beaucoup. Il signe ses diverses œuvres avec le prénom Fulmen qu’il a peut-être adopté par analogie avec le fulmicoton (cordon détonnant) et en référence au mot latin tonnerre.
Le docteur Bru a noté que Cotton était un dessinateur d’une grande habileté, mais il s’est davantage intéressé à sa production écrite et à sa phraséologie. Cotton a écrit de nombreuses lettres, protestant contre tous et tout le monde, ce qui lui a valu d’être interné à Bicêtre de 1866 à 1870.
Homme de lettres, peintre, politicien, pape, Cotton est donc un homme haut en couleurs.
Après 1889, on perd sa trace jusqu’à son autopsie en 1906.
Issu de « La mesure des irréguliers », symptôme et création,
Sous la direction de Fabienne Hulak
Aux éditions « Z’éditions- 1990

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