jeudi 27 septembre 2012

Kurt Schwitters





Kurt Schwitters est né le 20 juin 1887 à Hanovre en Allemagne. C’est un peintre, sculpteur et poète allemand. Il a incarné l'esprit individualiste et anarchiste du mouvement Dada, dont il fut l'un des principaux animateurs de Hanovre. En parallèle à Dada, il a créé un mouvement qu'il a appelé « Mertz ». Il a exercé une influence importante sur les néo- dada américains, Robert Rauschenberg  en particulier, qui lui a emprunté l'idée de ses « combine-paintings » et ses collages.








CONSTRUCTION FOR NOBLE LADIES, 1919
 




En 1889, la famille schwitters s’installe d’abord  Veilchenstrasse  5 (rue de la violette) et quelques mois plus tard, Waldhausenstrasse, à Hanovre.
En 1908-1909, Il passe deux semestres à la Kunstgewerbeschule (arts décoratifs) de Hanovre. Il y rencontre Helma Fischer, sa future épouse.

Kurt Schwitters étudie la peinture et le dessin de 1909 à 1914 à l'Académie de Dresde puis à celle de Berlin et participe à la revue Der Sturm de Berlin. Il est d'abord l'auteur d'œuvres figuratives, avant de subir l'influence des mouvements d’avant-garde du début du  XXème siècle dans des œuvres au fusain ou à l'aquarelle. 




das-baumerbild



En octobre 1915, il épouse Helma Fischer. La même année, il construira son premier Merzbau.
En 1917, il fait son service militaire. Sa peinture, figurative jusqu’alors, aborde une phase expressionniste puis cubiste. Il écrit ses premiers poèmes.
À partir de 1918, il se détourne définitivement de la peinture traditionnelle pour élaborer, entre 1918 et 1920, un vocabulaire propre fondé sur l'emploi de déchets et de détritus de toutes sortes, les objets de rebut de la vie urbaine :
Merzbild Rossfett c.1919


 prospectus, tickets de tramway, morceaux de chiffons, lambeaux d'affiches, couvercles de boîtes de conserve, ficelles, carton ondulé.et l'utilisation des procédés de collage pour assembler des matériaux de manière « harmonieuse ».

La même année, naissance de son fils Ernst.
Grand ami de Raoul Hausmann,  de Hans Arp et de  Hannah Höch, refusé par le Club Dada de Berlin c'est-à-dire par Richard Huelsenbeck, Schwitters réagit en fondant un mouvement parallèle qu'il nomme « Merz», d'après son tableau Merzbild de 1919 dans lequel le mot « Merz » est ironiquement tiré de la partie centrale du mot « Kommerzbank » découpé dans une annonce imprimée. Le mouvement Merz cherche en effet à s'approprier les rebuts de la société industrielle et urbaine, faisant entrer la réalité quotidienne dans l'art, sans idée de message politique ou d'esthétique d'opposition, mais avec la volonté, à partir de 1920, de fonder un « art total Merz », embrassant l’architecture, le théâtre et la poésie. Toujours en 1919, en juillet, premiers articles, poèmes « An Anna Blume »et dessins dans la revue Der Sturm.
colonne Merz (photo extraite de MERZ aux éditions gérard Belovici)
Kurt Schwitters, Forms in Space 1920



En 1919, il publie An Anna Blume, collage de chansonnettes, de proverbes et de citations qui  obéit à l’esthétique du hasard esquissée dans ses œuvres Merz.
Au printemps 1920, Schwitters rend visite à Max Ernst.
Grand " fouilleur " de la société industrielle et de la réalité urbaine, il intégrait à ses œuvres tout ce qu’il trouvait au hasard de ses recherches  tout ce qui avait été rejeté par la société. L’artiste, refusant une re- production illusoire de la réalité, faisait au contraire " entrer " la vie, de façon fracassante, dans le domaine de l’art. Pas de trace pourtant chez lui d’une esthétique d’opposition comme celle de l’anti-art de Zurich ou de Cologne. Le monde entier pouvait en effet constituer pour Schwitters une œuvre d’art.





Kurt Schwitters, Merz Picture 32 A. The Cherry Picture, 1921.





L’assemblage intitulé Merzbild I, le Psychiatre  (1919, Malborough-Gerson Gallery, New York) rend compte des recherches de l’artiste. Sur un fond peint avec des couleurs violentes, encore expressionnistes, Schwitters a collé des objets usuels en les disposant selon des rythmes assez structurés. Les deux couches de signes s’intègrent parfaitement. D’autres œuvres telles que Breite Schnurchel  (1923, relief en bois, collection Hoech, Berlin) soulignent les dons du peintre qui utilisait avec une aisance incroyable les matériaux les plus divers.


 De 1920 à 1923, dans sa maison de Hanovre, Schwitters entreprend de construire une vaste structure faite de volumes blancs en plâtre aux plans imbriqués les uns dans les autres, et traversé par des tiges et des poutrelles de section carrée, la Schwitters-Säule (colonne Schwitters), dans laquelle s'encastrent, dans des cavités, ses œuvres et celles de ses amis. La construction envahit peu à peu toutes les pièces et même tous les étages de la maison et l'artiste lui donne le nom de Merzbau (construction Merz). Le nom original qu'il avait donné à cette construction était Cathédrale de la misère érotique dont le contenu était aussi choquant pour l'époque que tout ce que pourraient produire les artistes radicaux d'aujourd'hui. Le terme Merz provient d'un fragment de papier où se trouvait inscrit le mot allemand Kommerz, de Kommerz Bank ; Bau signifie construction en allemand.




Merz With Light Centre 1919



 Elle était en outre sans cesse modifiée par l’artiste. Une construction dans laquelle Schwitters avait voulu concrétiser ses aspirations et ses hantises, témoignage unique de sa personnalité. Détruite lors des bombardements d'Hanovre en 1943, cette œuvre unique a été reconstruite en 1990 au Sprengel Museum d'Hanovre puis, en 1993, dans une version réduite, par Peter Bissegger à la demande de Harald  Szeemann à l'occasion de la Biennale de Lyon.
Après 1922, Schwitters se lie avec les constructivistes Theo van Doesburg et El Lissitsky. Avec eux, il publie entre 1923 et 1932 la revue Merz et crée même une centrale de publicité Merz, qui travaille pour des firmes comme Pelikan, Opel ou Bahlsen. 






Mountain Graveyard 1919




Schwitters développera une intense activité d'écrivain en composant des poèmes phonétiques, dont l'évolution aboutira à la Ursonate, qui, lue à voix haute en public, constituait bien avant la lettre une performance.

Ce  chef-d'œuvre de poésie phonétique sera publié dans le 24e et dernier numéro de la revue Merz. Il a été réédité en CD en 1990 et de nombreuses fois depuis.

En 1931, décès de son père, Edouard Schwitters.
Après 1937, il quitte l'Allemagne avec son fils pour la Norvège. Ses œuvres sont retirées des musées et quatre d'entre elles figurent dans l'« exposition de l'Art dégénéré » à Munich. 
 







Ohne Titel (Mit frühem Porträt von Kurt Schwitter

. Sa femme Helma, restée à Hanovre, leur rendra visite régulièrement jusqu’en juillet 1939, date à partir de laquelle la 1ère guerre mondiale les empêchera de se revoir. À Hanovre, l’histoire du mouvement Dada s’identifie à un seul homme, Kurt Schwitters, qui incarne encore plus que ses compatriotes Hausmann, Ball ou Ernst l’esprit farouchement individualiste et anarchiste du dadaïsme.

En 1940, fuyant l’avancée allemande, il quitte la Norvège par avion le 9 avril, gagne l’Angleterre le 8 juin. Il y subira dix-sept mois d’enfermement dans différents camps d’internement en tant qu'Allemand.

En 1941, libéré, il s’installe dans un appartement à Londres avec son fils.


















Page Black Note Book VI, 1921-1923,


En 1944, victime d’une attaque, il a la moitié du corps paralysé temporairement. Edith Thomas, dite Wantee, qu’il a rencontré en 1941, vient l’aider et vivre avec lui. En octobre de la même année, Helma Scwitters décède à la suite d’un cancer.
En 1945, il s’installe avec Wantee à Ambleside. Sa mère, Henriette Schwitters, décède la même année.
En 1946, nouvelle attaque qui le laisse aveugle un moment. Il tombe et se casse le fémur.
Après l'invasion de la Norvège par les nazis, il s'installe en 1946 en Angleterre, à Ambleside dans le Westmoreland où il entreprend un nouveau projet dans l'esprit du Merzbau, le Merzbarn (grange Merz).
Schwitters, toute sa vie, exploita et diffusa inlassablement les idées maîtresses d’un art du hasard et du déchet, doit à sa persévérance de figurer aujourd’hui parmi les artistes les plus avancés.

Revolving, 1919

Ce " destructeur " particulièrement intelligent exercera une très grande influence aux États-Unis, sur le groupe New Dada et sur Robert Rauschenberg, notamment.

Il mourra en exil, le 8 janvier 1948 à Ambleside, d’une maladie du cœur, oublié, mais son influence ne cesse de croître et Schwitters est aujourd'hui, par la profondeur de sa démarche, la variété des formes d'expression qu'il a empruntées, du collage à l'architecture en passant par le théâtre, la poésie et la typographie, éléments de sa vision globale de la création, par sa recherche du " Gesamtkunstwerk ", de l'œuvre d'art totale, considéré comme l'un des plus grands artistes du XXe siècle.
 Kurt Schwitters est représenté notamment au K. N. W. de Düsseldorf, au musée Sprengel de Hanovre, dans les musées de Berlin, au M. O. M. A. de New York, au County Museum of Art de Los Angeles, au musée de Grenoble. Une importante rétrospective de son œuvre a été montrée en 1986 au M. O. M. A. de New York, à la Tate Gallery de Londres et au musée Sprengel de Hanovre. Une autre rétrospective a été présentée (Paris, M. N. A. M. ; musée de Grenoble) en 1994-1995.







« Kurt Schwitters, MERZ » aux éditions Gérard Bebovici, 1990











Kurt Schwitters, MZ 449




« Je ne comprends pas pourquoi on ne pouvait utiliser dans un tableau, au même titre que les couleurs spécialement fabriquées pour les peintres, des matériaux tels que : vieux billets de tram ou de métro, morceaux de bois flotté, tickets de vestiaire, fil de fer, rayons de vélo, boutons, en un mot toutes les vieilleries qui traînent dans les greniers ou sur les tas d’ordures. C’était là, en quelque sorte, un point de vue social et, sur le plan artistique, un plaisir personnel… »

Aucun autre Merzbau n'aurait survécu, mis à part quelques éléments de celui établi en Norvège et qui a été filmé en 1999 par Guy- Marc Hinant. Le Sprengel Museum de Hanovre a reconstitué l'un de ces ouvrages qui comporte au moins quatre des pièces qui se trouvaient dans la maison de l'auteur.

Kurt Schwitters; Man soll nicht asen mit Phrasen, 1930
The Star Picture (1920)
l'action de jeu à Memphis et de Thèbes sous le règne de Pharoanen, (L'action se déroule à Thèbes et de Memphis vertu de la règle des Pharaons.)
Kurt Schwitters, Mz 129 rot oben [Mz 129 Red on top], 1920
kurt schwitters (1887-1948)- Die Kultpumpe

 The Psychiatrist, 1919

Oil, assemblage and collage of various objects on canvas, 48,5 x 38,5 cm
Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid, Spain

A visiter: http://surrealisme.skynetblogs.be/archive/2008/09/21/kurt-schwitters.html
http://www2.cndp.fr/magarts/heterogeneite/lyc_schwitters.htm
http://www.dadart.com/dadaisme/dada/038-Schwitters.html




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