jeudi 9 mai 2013

Marcel Janco








Marcel Janco est né le 24 mai 1895 à Bucarest en Roumanie, il est l’un des peintres du mouvement Dada dans lequel il s'illustre en réalisant toute une série de masques. Il est considéré comme l’un des plus grands artistes d’avant-garde de Roumanie.
Dès 1910, il a été lié aux jeunes poètes des revues Symbolul et Chemarea, fondées par Ion Vinéa (1895-1964) : ces publications représentaient l'avant-garde artistique de l'époque.
Il étudie l'architecture à Zurich entre 1913 et 1916.
En 1913 il rencontre Jean Arp à Zurich, avec qui en 1919 il forme le groupe des "Artistes Radicaux", entre autres avec Alberto Giacometti.










Le 5 février 1916, à Zurich, il participe à la naissance du mouvement Dada avec les poètes Hugo Ball, Richard Huelsenbeck,  Emmy Hennings et Tristan Tzara, les peintres Jean Arp, Sophie Taeuber et quelques autres. Ils investissent une petite taverne de la Spiegelstrasse qu'ils transforment en café littéraire et artistique et couvrent les murs de tableaux créant une ambiance à la fois intime et oppressante. Ils l'appellent "Cabaret Voltaire ». 









Il réalise alors des reliefs peints, des sculptures (Masque, 1919, Paris, M. N. A. M.) et des peintures abstraites (Architecture Empire brillant, 1918, Zurich, Kunsthaus) après avoir connu une courte phase figurative marquée par le Futurisme (Bal à Zurich, 1917, Jérusalem, musée d'Israël).
Bal à Zurich, 1917 Janco a formidablement bien rendu la dynamique de la danse en fragmentant l’ensemble de la scène en de multiples surfaces qui se chevauchent ici et là. Le tableau se transforme en une sorte de puzzle visuel. Les formes sont à la fois des danseurs, mais aussi de simples couleurs disposées en aplat.







 
1917



Outre ses propres créations, on y expose aussi des œuvres de Jean Arp, Viking Eggeling, Otto Van Rees, Pablo Picasso, Arthur Segall, Wassily Kandinsky, Enrico Marinetti, Filippo Tommaso Prampolini et Filippo de Pisis. Marcel Janco est aussi, jusqu'en 1921, le décorateur des spectacles qui s'y jouent. Avec Sophie Täuber, il créé notamment des masques inspirés des arts africains et océaniens qui servent aux performances (Portrait de Tzara, 1919). Tout ce groupe fort agité prend le nom de Dada lors d'une séance au café Odéon, l'après-midi du 6 février 1916.





portrait de Tristan Tzara







Portrait de Tzara, 1919 : les masques de Janco constituent un élément essentiel du mouvement dada. Elles incarnent ce que Janco décrit comme « notre foi en un art direct, magique, organique et créatif, comme celui des primitifs et des enfants. »













1984 Sunrise on the Red SeaOil



Janco travaille à Paris de 1920 à 1923 et se sépare bientôt des surréalistes, par opposition de caractère mais aussi d'idéologie. Rentré à Bucarest en 1923, il y dirige le mouvement et la revue Contimporanul  de  Ion Vinea.
Arrivé en Palestine en 1940, après l'avènement du régime fasciste en Roumanie, il y devient rapidement l'un des principaux animateurs de la vie artistique.


1984, Composition



En 1942, il se réfugie à Tel-Aviv en Israël dont il deviendra un artiste majeur du pays. Son élève et ami Harry Guttman l'y rejoint en 1974.
En 1948, il crée le groupe "Horizons Nouveaux" et en 1953, sur les ruines du village d'Ein Hod du mont Carmel à quelques kilomètres au sud d'Haïfa, il fonde le « village d'artistes Ein Hod » espérant y appliquer ses idées sur l'art, l'artisanat et la fonction de l'artiste dans la société. 







 La beauté de ce lieu solaire, qui fait face à la Méditerranée, ses antiques racines grecques et romaines, le style arabe de ses petites maisons cubiques et sa population cosmopolite ont donné à Marcel Janco la possibilité de réaliser un rêve très ancien, celui d'un art dégagé du commerce, pensé et créé en communauté, avec la modestie des bons ouvriers et l'ouverture sur le monde d'une culture à vocation universelle. Cette entreprise a été un succès. Ein-Hod a fêté sa réussite par des nuits mémorables, dont a témoigné Georges Boudaille (« Janco, maire de Ein-Hod », in Les Lettres françaises, nov. 1963).







Don Quihote et Sancho Pansha.




L'art de Janco se développe suivant deux directions : l'une unit l'esprit dada à un certain Classicisme abstrait et prolonge l'œuvre de jeunesse dans des peintures et des reliefs fortement structurés (Paysage, 1963, Jérusalem, musée d'Israël), l'autre est expressionniste, quelquefois symbolique, chargée d'émotion tragique (les Sirènes, 1949) et parfois empreinte d'un humour très personnel, manifesté dans les portraits et les scènes de vie orientale. 












Fleur-géométrie 1917




À partir de 1965, dans ses reliefs métalliques, Janco revient, d'une façon spectaculaire, aux conceptions plastiques de sa jeunesse. Il a illustré divers ouvrages (notamment de Tristan Tzara) et exécuté des décors de théâtre.
Le musée de Tel-Aviv lui a consacré une rétrospective en 1972. Ses œuvres se trouvent dans les musées d'Israël (Jérusalem et Tel-Aviv), de Roumanie, de Suisse, de Paris (M. N. A. M.) et de Chicago (Art Inst.).
Il reste fidèle jusqu'à la fin de sa vie à son ami et confrère, l'écrivain Tristan Tzara dont il réalise de nombreuses illustrations en gravures sur bois pour ses manifestes.
Il décède le 21 avril 1984 à Tel-Aviv-Jaffa

http://exhibitions.europeana.eu/exhibits/show/dada-to-surrealism-fr/jhm-zurich-fr/marcel-janco 

Cube alambic vert, 1920, Plâtre polychrome sur toile de jute

Illustration pour Vinéa. Dessin au crayon aquarellé 1925
http://en.wikipedia.org/wiki/Marcel_Janco  (en anglais)

Immigrant Ship
Marine Landscape, 1978
mask-for-firdusi
Masque 1919 assemblage, papiers collés, fibres de bois, pastel et gouache
Mother with Children,






Extrait de « Duchamp dada » aux « Nouvelles éditions françaises », Casterman, 1991. Texte de Mickaël Gibson.
(les « masques » vus par Hugo Ball)… « Ils évoquent le théâtre japonais ou grec ancien tout en demeurant totalement modernes. Conçus pour être vus de loin, ils font un effet surprenant dans l’espace relativement restreint du cabaret. Nous étions tous là lorsque Janco arriva avec ses masques, et chacun de nous en essaya un. L’effet fut surprenant. Non seulement chaque masque réclamait le costume qui lui convenait ; il suscitait aussi un ensemble de gestes précis, mélodramatiques et frôlant même la folie. Cinq minutes plus tôt, aucun d’entre nous n’avait eu la moindre idée de ce qui allait se produire, mais nous faisions bientôt les gestes les plus bizarres, drapés et ornés d’objets  les plus improbables, et faisant assaut d’inventions. Le dynamisme des masques étant irrésistible. En un instant nous prîmes conscience de l’énorme importance qu’avaient de tels masques dans le mime et le drame. Les masques exigeaient tout simplement que ceux qui les portaient se mettent à exécuter une danse tragique et absurde. »
… « Ce qui nous fascine dans ces masques, c’est qu’ils figurent non pas l’humanité, mais des caractères et des passions démesurées. L’horreur paralysante qui constitue la toile de fond de notre époque  est rendue perceptible ici. »

Nature morte, composition aux fleurs, 1920, Huile sur plâtre insérée dans de la toile à sac

Portrait d’homme 1922, 1924

 
Romanian



soldat blessé

The Straits of Messina

Three Dancers, 1943, Watercolor

Three Women in Malta, 1930s

trophée,1918

Anonyme, Photographie de “Cabaret Voltaire” (1916) de Marcel Janco, oeuvre disparue